Dessine moi un pays

J'ai récemment mené un workshop d'une semaine avec les étudiants de première année Grande École d'e-artsup Nantes. En équipe de quatre, ils devaient inventer un pays réaliste et crédible. Ensuite, ils devaient créer l’identité visuelle de la nation (drapeau voire armoiries) et de son gouvernement (logo), ainsi qu'une brochure touristique et des timbres. Beau défi pour des étudiants en première année, d'autant que ce travail s'est fait à distance, car nous étions en confinement.

LANCEMENT DU SUJET

Dans un premier temps, j'ai montré aux élèves des drapeaux et diverses identités gouvernementales, comme celle de la France, celle de l'image de Suède à l'étranger (Söderhavet), le gouvernement des Pays-Bas (Studio Dumbar), la région de Vestland Flykeskomumne (Neue)...

Ensuite, j'ai montré différentes identités visuelles de pays imagnaire comme la Bordurie et la Syldavie, le Khemed dans Les aventures de Tintin, l'Angleterre dystopique de V pour Vendetta, le Groland de Canal+ ou bien encore la Palombie des aventures de Spirou et Fantasio. Ces pays imaginaires ont tous des caractéristiques précises, comme les accents de l'alphabet bordure ou ses plaques d'immatriculation.

CRÉER UNE NATION

La première journée de ce workshop a été consacré à une phase de recherche et de conception de ce pays uniquement sous la forme de texte et de carte dans un premier temps. Les étudiants devaient définir tous les aspects de leur nation : géographie (climat, paysage, localisation), Histoire, politique et administration, population et société (langue, démographie, religions), économie (principaux secteurs d’activités), Culture... Cette description très détaillée a aidé les élèves à réaliser les supports graphiques qui en découlent. Voici donc, ci-dessous, un aperçu des pays imaginés par les différents groupes d'étudiants (s'ajoute à cela d'autres timbres, une brochure de 16 pages, un document de présentation...) :

Loïkhos

La légende de Céline, Samantha, Arthur et Kenta raconte qu’une raie manta géante, ancêtre de toutes les raies, aurait rencontré un volcan sous marin en éruption avec lequel elle aurait fusionné et donné naissance à cette île. Au départ peuplé par des autochtones, cette île est colonisée par les Anglais en 1748. Dans les années 2000, victime de véritables continents de déchets flottants, elle décide de recycler les déchets marins. Toute sa culture et son économie se développent autour du recyclage et du respect de l'environnement.

Maverick Island

Cette île imaginée par Blandine, Gabin, Matthis et Mélanie a été découverte par des navigateurs anglais dont le navire Maverick a échoué sur l'île en 1550 à cause des courants marins forts et des récifs dangereux. Par la suite, ce territoire est divisé en quatre régions : Emrox, Saphorca, Rubanther et Diameer, tirant leurs noms des pierres précieuses s'y trouvant. Le pays prospéra grâce à sa situation de carrefour commercial entre l'Asie et l'Amérique.

Kéltimï

Éloi, Kateline, Matthias, Romain ont conçu l’archipel Kéltimï constitué de cinq îles dont l'île centrale comprend un volcan. Cette nation rassemble à la fois des autochtones et des colons anglais, elle est donc bilingue. Le pays est géré par un conseil de cinq élus (un de chaque île) que l'on nomme "doyens". La richesse de l'archipel vient du tourisme, de l'extraction de minerais et surtout de l'exportation de Moïichi, un fruit qu'on ne trouve que sur cet archipel et qui représente plus de 10 % du PIB national.

Anavíosi

Au IIIe siècle avant J.-C. cette île est habitée par un peuple autochtone qui disparaît brutalement, probablement à cause d'une maladie. Anavíosi reste vierge de toute colonisation humaine pendant des siècle vu sa situation particulière dans le Triangle des Bermudes. Elle ne sera découverte qu'en 1980 par Henry Walton, un chercheur qui fera de cette île un état uniquement dédié à la préservation de la nature et à la recherche scientifique. Merci à Timéo, Elsa, Ilan, Nathan, Margaux pour cette belle histoire.

Taoong

Léonard, Cassandra, Augustin et Adam ont inventé une dictature théocratique née à la mort de Mao. Des traditionalistes, souhaitant retourner au fondements de la culture taoïste, ont profité du chaos de 1976 pour déclarer leur indépendance. Le Tao (leader suprême) dirige le pays d’une main de fer, aidé par ses neuf ministres. Bienfaiteur du Peuple, le Tao est l’incarnation de l’être suprême que tous doivent tenter d’atteindre physiquement, mentalement et spirituellement.

Azahowi

Dans un premier temps colonie britannique, l’île d’Azahowi devient indépendante en 1843. Sa langue officielle est l'anglais mais la langue azahowi perdure. L'Île présente une grande biodiversité et possède des espèces protégées, à la fois terrestres et marines comme le marsouin du pacifique, le martin-pêcheur nain… Ce pays, inventé par Lysiane, Julien, Matthieu, Maxime vit principalement de ses ressources naturelles et du tourisme.

Royaume de Minstjar

Habité par les Vikings, ce pays scandinave imaginé par Malik, Isabelle, Thomas et Axel, se fige dans ses frontières au XIe siècle. Depuis, aucune conquête de territoire n'a été faite car Minstjar a une politique non expansionniste, elle ne possède d'ailleurs pas d'armée. Cette monarchie parlementaire dirigée par Bjorn III accorde une importance capitale à l'environnement.

New-Shetland

Inhabité pendant des siècles, cet archipel a été colonisé par les Anglais. Quelques années après cet événement, la population des Maoris rejetée par l’Australie s'est réfugiée sur cet archipel. Après des conflits avec les Anglais déjà installés, les deux peuples ont finalement réussi à vivre en harmonie. New-Shetland, imaginé par Florence, Augustin, Kenzo et Félix, fait partie du Commonwealth.

Aztlan

Le peuple Nahuatlacas/aztlante est issu de la civilisation aztèque qui a survécu aux maladies apportées par les conquistadors et qui met la médecine et le bonheur de l’individu au cœur de sa culture, et de sa politique sociale. Réputé à travers le monde, Aztlan est géré par un triumvirat constitué de membres du peuple tirés au sort. Bravo à Roxane, Quentin, Kevin et Laurine.

Ce worshop d'une semaine était un défi : faire travailler ensemble et à distance deux classes différentes sur un projet de création, de narration mais aussi d'identité visuelle et de design global. Malgré les nombreuses tâches à réaliser, les élèves étaient très impliqués, certains ont même réalisé des supports supplémentaires, entraînés par le sujet et la dynamique de groupe. Du 20 au 24 avril, le monde a temporairement changé d'aspect, merci aux GE1 pour leur travail et leur implication.

Texte et images : Thierry Fétiveau – mai 2020. Tous droits réservés.